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pasteur paris musées
Paul Cardon, Portrait de Louis Pasteur (1822-1895), Entre 1885 et 1895, Musée Carnavalet, Histoire de Paris © CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet

Le réseau des savants alsaciens

Entre la perte de la petite patrie et le redressement de la grande (1871-1914)
On 28th January 2022
18:30 - 19:30
1h
Adulte

"Le réseau alsacien" : Les savants alsaciens et le relèvement moral de la Patrie (1870-1914)

par Danielle Fauque (EST-GHDSO, Université Paris-Saclay)

Conférence comprise dans le billet d'entrée du musée. 

 

En 1871, les Alsaciens durent choisir : devenir allemand ou opter pour la France. La défaite fut considérée comme la suite d’une formation sclérosée et trop académique des élites françaises, face à une Allemagne dont la pensée intellectuelle et technique faisait l’admiration, bien avant la guerre. Des chimistes alsaciens, qui dès les années 1860 demandaient une réforme des enseignements spéciaux, reprirent la lutte. Il fallait également instruire le grand public, notamment en province. C’est ainsi que Adolphe Wurtz et quelques autres « Français d’Alsace » lancèrent l’Association française pour l’avancement des sciences (AFAS) en 1871, qui existe toujours, entraînant avec eux nombre de collègues, des mécènes et des banquiers alsaciens. Le premier congrès se tint à Bordeaux en 1872 avec un grand succès, puis chaque année dans une ville différente. 
Charles Friedel et Philippe de Clermont créèrent l’Ecole alsacienne en 1872 sur le modèle du gymnaste protestant de Strasbourg. Et au niveau de l’enseignement supérieur, le chimiste industriel Charles Lauth, alors conseiller municipal de Paris fonda en 1882 ce qui est aujourd’hui l’Ecole supérieure de physique et chimie industrielle (ESPCI), berceau de plusieurs prix Nobel, que Paul Schützenberger dirigea jusqu’à son décès en 1897. Lauth puis Albin Haller lui succédèrent. C’est là que Marie et Pierre Curie découvrirent le polonium et le radium. 
Friedel successeur de Wurtz à la Sorbonne en 1884, fut un des grands artisans de l’aménagement de la faculté des sciences de la Nouvelle Sorbonne inaugurée en 1896. Il y créa un laboratoire de chimie appliquée, future Ecole nationale supérieure de chimie de Paris (ENSCP), en 1896. Haller lui succéda à la Sorbonne en 1899.
Ces chimistes alsaciens ont lutté pour l’enseignement et la diffusion d’une chimie moderne basée sur la théorie atomique, alors quasiment interdite en France, mais source de développement industriel en Allemagne.
Hors de la chimie, ces chimistes étaient engagés dans la société civile. Charles Friedel et Charles Lauth se retrouveront après 1871 dans la fondation de l’Alliance  générale d’Alsace-Lorraine, association d’entre-aide aux Alsaciens émigrés. Enfin, le sénateur Auguste Scheurer-Kestner, ami de Wurtz et de Friedel, industriel de Thann, prit la défense d’Alfred Dreyfus. Friedel et Lauth signèrent la pétition dite des « intellectuels » qui deux jours avant la parution du J’accuse de Zola demandait la révision du procès Dreyfus. Enfin, Friedel siégea au Comité directeur de la Ligue des droits de l’homme quelques mois avant sa mort brutale en 1899.
C’est pour tous ces éléments qui les relient les uns aux autres, que l’on exprime leur engagement dans ce qu’on nomme souvent le réseau alsacien.

Tarifs

Gratuit sur présentation du billet d'entrée